Machiya désigne les maisons traditionnelles en bois pour les commerçants qui servent à la fois de magasin et de logement, et aussi plus globalement les vieilles maisons en bois dans les centres-villes. Elles sont bien conservées et restaurées notamment dans les vieilles villes touristiques, Kyoto, Nara, Takayama … C’est pourquoi on vous montre en général un vieux quartier où il y a ces adorables, parfois très belles, maisons en bois japonaises sur toutes les photos touristiques du Japon.
Vous savez que le Japon est un pays de tremblements de terre et la tradition des maisons en bois n’est pas qu’esthétique, mais liée aussi à des questions de sécurité, car le bois est flexible. Chevillées donc souples aux secousses les maisons ne font guère plus de deux à trois niveaux. Elles sont aussi conçues pour contrôler la température et l’humidité dont le taux est très élevé en été.
Évidemment, à l’ère moderne, un certain nombre d’entre elles ont disparu, mais pas toutes, loin de là. Même à Tokyo ou Osaka, entre deux gratte-ciels, on voit souvent une minuscule maison en bois étroite et coincée entre ces grands buildings. Ces bâtiments contiennent toute la poésie d’un quartier avec leur palissade en bambou où vient s’appuyer le vélo du propriétaire, de multiples pots de fleurs, statuettes porte-bonheur et autres objets domestiques.
La maison entièrement laquée à l’intérieur
L’une des plus belles maisons en bois que j’ai vu à Wajima, une petite ville réputé pour l’artisanat de la laque donnant sur la mer du Japon, avait été entièrement laquée par les propriétaires : imaginez un entrelac de poutres et de cloisons sur un assez beau volume avec des bois soigneusement poncés et laqués rouge/brun foncé. Une merveille.
Kyo-Machiya
Machiya de Kyoto est appelée «Kyo-Machiya » pour les distinguer de celles d’autres villes. Selon la définition réglementaire de la ville de Kyoto, ce sont des maisons en bois construites avant 1950. Dans les années 2000, beaucoup de Machiya ont été restaurées pour le développement du tourisme de Kyoto. Elles sont réaménagées pour les boutiques, les restaurants, les B & B et les maisons à louer pour les touristes étrangers etc. Pour avoir l’autorisation d’utiliser le nom Machiya dans un but commercial, il faut respecter de nombreux critères strictement définis par la ville de Kyoto.
Dans certains quartiers à Kyoto, par exemple, il subsiste encore des rues entières, où sont alignées ces très jolies maisons en bois, apparemment semblables, mais toujours un peu différentes de leur voisine.
Un souvenir de magnifique B & B
Si vous allez à Kyoto faites un tour à Shimonzen Dori, une rue bien connue des amateurs d’antiquités qui se trouve dans le quartier est de la ville .
J’ai logé pendant des années dans une très vieille et grande de ces machiya qui faisait chambre d’hôtes : imaginez plusieurs bâtiments avec des jardins intérieurs, dans des vitrines des objets traditionnels, dont de très belles poupées. Il n’y avait pas vraiment de porte et encore moins de serrure sur la rue ! une petite barrière en bambou symbolique et coulissante, et au fond d’une étroite allée un shoji, cette porte coulissante tapissée de papier blanc.
La vieille dame qui m’accueillait était un peu effrayée par la situation moderne peu sécurisante, et elle est retourné dans son îlot natal. Les choses ont bien changé depuis.
Les petites maisons à louer à Kyoto
On en trouve dans beaucoup de petites ruelles en impasse, notamment à Kyoto ; elle est composée de petites pièces sur deux niveaux : imaginez que vous avez une entrée, un living, une cuisine, des toilettes, une salle de bain, un petit coin de jardin japonais avec lanterne, tout cela au rez-de-chaussée et à l’étage, deux chambres et une terrasse qui permet de suspendre son linge à faire sécher à l’abri de la pluie. Immense, me direz-vous?
Oui mais tout ça, c’est moins de 50 m² donc attention aux plus grands de ne pas se cogner ! Leur bois a un charme immense. Ses teintes varient avec les espèces et bien sûr avec l’âge. Ces maisons légères, accolées les unes aux autres, ne procurent pas une intimité maximale ce qui est un peu déstabilisant pour les occidentaux, les habitants ayant l’habitude de ce voisinage. Je me souviens d’une fois où la maigre serrure de la porte d’entrée, était réticente à s’ouvrir : dans les cinq minutes, j’ai vu arriver trois voisins qui connaissait bien le problème pour me porter secours !
Si vous avez la chance d’aller là-bas, essayer de faire cette expérience de vivre quelques jours dans une de ces maisons dont certaines sont à louer qui ont à la fois un équipement tout à fait moderne et un charme inoubliable. Vous enlèverez vos chaussures en entrant, prendrez un bain, enfilerez un Yukata de coton et ensuite à la table basse dégusterez un Bento (voir mon blog Bento), acheté chez le petit marchand du coin, avec un verre de saké. Bonne soirée et à bientôt…
Céramiste, photographe. A crée le site avec Hiroko.
Aime la beauté des choses et la vie des êtres.
Plongé depuis bien longtemps dans la vie culturelle et quotidienne japonaise.
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