Une alcôve un peu secrète …
Aujourd’hui on parle de quelque chose de très spécial dans un logement japonais: le Toko-no-ma
En fait c’est une alcôve aménagée dans une pièce à vivre dans le logement japonais. Pourtant les appartements et les pièces sont petits mais c’est un espace traditionnel dans tout intérieur japonais qui a une pièce en tatamis.
Bon, après guerre c’était un peu passé de mode.
Mais c’est vite revenu même dans les immeubles modernes.
C’est une alcôve qui accueille un rouleau de calligraphie avec un poème ou une citation qui fait méditer ou accueille le visiteur ainsi qu’un arrangement de fleurs appelé « Ikebana ». Ou bien encore un « bonsaï ».
Fonction sociale, artistique et spirituelle
Mais il y a aussi une fonction sociale : si un repas se tient dans la pièce la personne qui préside se mettra dos au Toko-no-ma.
C’est très ancien: autour du XVème siècle (l’époque Muromachi) au moment où il y une jonction entre la culture japonaise et l’influence chinoise sur les arts de la poterie, calligraphie et peinture.
Il y en a eu d’abord dans les temples bouddhistes ou bien dans les pavillons de thé d’où l’intérêt pour les belles poteries.
Puis par le biais des gens cultivé amateurs de poème ou cérémonie du thé,
il y en a bientôt eu dans toutes les maisons.
Il faut imaginer une alcôve dont le plancher est un peu surélevé et d’une profondeur suffisante pour accueillir un bel objet en bois, un vase et ses fleurs
Il est souvent situé de côté par rapport à la lumière principale de façon qu’avec le renfoncement il y ait une zone d’ombre qui donne de l’intimité et un peu de recueillement par rapport à l’ambiance quotidienne.
Attention, c’est un espace spirituel !
L’œil et l’esprit peuvent s’y reposer d’un regard. C’est un espace que l’on respecte : un jour que je logeais dans une très vieille maison en bois dans le vieux quartier des antiquaires de Kyoto à Shinmonzen-dori, j’ai posé un objet – peut être mon chargeur de téléphone – sur le bord de cette alcôve car la pièce était petite : j’ai immédiatement essuyé un regard réprobateur de Sachiko-san, la dame qui tenait cette maison ancestrale !
Au Nouvel An qui s’appelle «Oshogatsu », fête très importante pour les japonais, on place un « Kagami Mochi » dans le Tokonoma. Il s’agit de trois boulettes de pâte de riz surmontées d’une petite clémentine.
A part la calligraphie et les fleurs, on peut aussi y mettre de quoi brûler de l’encens…
Le respect dû à cet endroit en fait un lieu et un moment de repos pour l’œil et pour la pensée.
Un peu à l’ombre, un peu en retrait il dit le respect des japonais dans leur ensemble pour une dimension spirituelle instinctive du monde.
Céramiste, photographe. A crée le site avec Hiroko.
Aime la beauté des choses et la vie des êtres.
Plongé depuis bien longtemps dans la vie culturelle et quotidienne japonaise.
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